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ENS garage
15 mai 2008

Nous déclarons ouvert...

... le 2e Festival de khâgne !!!

Les nommés cette fois-ci sont :

- Dans la catégorie Histoire :
Le facteur religieux dans l'évolution du monde contemporain

- Dans la catégorie Philosophie :
L'égalité

- Dans la catégorie Littérature :
"Il n'y a guère que les paroles qui semblent d'abord inutiles qui comptent dans une oeuvre [dramatique]." (M. Maeterlinck, "Le tragique quotidien", Le Figaro 2 avril 1894)

- Dans la catégorie Grec :
Isocrate, Pâris & Hélène

- Dans la catégorie Allemand :
Joseph Roth, Die Büste des Kaisers

- Dans la catégorie Latin :
Version : Ovide, Tristes
& thème : Condillac, De l'étude de l'histoire III, 3

Jeudi 15 mai : Montée des marches ; projection historique

Le film en compétition aujourd'hui s'intitulait Composition d'Histoire. Les présidents du jury, Raphaëlle & Jean-David, ont fait ce matin une entrée remarquée à la maison des examens où se déroulait la cérémonie d'ouverture. Plus que jamais, Raphaëlle, connue dans le monde entier pour son blog et ses rôles dans des oeuvres telles que Lutin des marches ou La danse de PBD et du chameau lustré, nous a charmés par son élégance. Jean-David, que dans le milieu l'on surnomme "Mr Darcy" et qui est également le célèbre réalisateur de La danse de PBD et du chameau lustré, n'était pas en reste.

ouverture

Maintenant, une interview de la belle Raphaëlle que nous sommes parvenus à rencontrer après la projection, et qui nous fait part de ses impressions sur ce film que la plupart des jurés ont trouvé surprenant, voire loufoque. De quoi vous faire bouillir d'impatience jusqu'à sa sortie, fin juin :

"Le facteur religieux dans l'évolution du monde contemporain pouvait tout d'abord surprendre, par son sujet (trop) rarement évoqué ; j'avoue avoir été moi-même enthouiasmée, lors de la présentation des nommés, par l'étendue des domaines auxquels cette oeuvre s'attaquait - il faut ici rappeler que la période allait de 1920 au début des années 90, ce qui ouvre de larges perspectives (surtout à l'échelle mondiale). Mais au sortir de cette projection, je m'avoue un peu déçue : peut-être le domaine était-il trop vaste ? Toujours est-il que l'on manque cruellement de matière pour remplir les six heures que Le facteur religieux dans l'évolution du monde contemporain se targue d'occuper... Ce qui n'aide pas à garder le fil : beaucoup des participants du Festival sont partis au bout d'une heure, et les échos en sortant de la salle laissaient globalement entendre l'inquiétude du public - car ouvrir le 2ème Festival de Khâgne sur un tel sujet n'augure rien de bon pour la suite."

Vendredi 16 mai : projection du film philosophique ; anniversaire de Raphaëlle

Festival_de_kh_gne_II

"Le film du jour, L'égalité, rassure quant au bon déroulement du Festival : tous les sujets abordés ne seront donc pas aussi déroutant que celui du concurrent historique. Tout aussi engagé néanmoins, L'égalité ouvrait lui aussi de larges horizons - qu'il avait en revanche le mérite de conduire jusqu'au bout selon un solide fil directeur. Mon collègue Jean-David en est sorti plutôt satisfait, sa vaste culture philosophique lui ayant permis d'apprécier toutes les nuances de l'oeuvre. Il faut croire que tout le monde n'y a pas trouvé son compte : pour beaucoup, L'égalité n'a pas semblé mériter jusqu'à six heures de réflexions, mais plutôt quatre ou cinq."

Lundi 19 mai : projection du film littéraire

"Contrairement à la plupart des collègues qui siègent avec moi au jury, je considère ce film comme le meilleur jusqu'ici projeté au 2ème Festival. Le sujet traîté ("Il n'y a guère que les paroles qui semblent d'abord inutiles qui comptent dans une oeuvre [dramatique].") concis mais percutant, avait le mérite de renouer avec le théâtre - genre souvent délaissé et pourtant si lié au monde du cinéma... Cette oeuvre mérite d'être réfléchie a posteriori selon différents points de vue : littéraire bien sûr, mais aussi scénique, et culturel. Il était sans nul doute intéressant de pouvoir faire le rapprochement avec le reste de l'oeuvre de Maurice Maeterlinck - je pense notamment à Pelléas et Mélisande." 

sanglier

Un court extrait de la pièce de M. Maeterlinck permettra à tous de mieux apprécier les dessins de notre envoyée spéciale du Festival, qui a immédiatement su mettre à profit sa vaste culture littéraire pour réprésenter deux des membres du jury dans les rôles principaux de Pelléas et Mélisande :

Pelléas
Oh ! Mélisande !... oh ! tu es belle !... tu es belle ainsi !... penche-toi ! penche-toi !... laisse-moi venir pplus près de toi...

Mélisande
Je ne puis pas venir plus près... Je me penche tant que je peux...

Pelléas
Je ne puis pas monter plus haut... donne-moi du moins ta main ce soir... avant que je m'en aille... Je pars demain...

Mélisande
Non, non, non...

Pelléas
Si, si ; je pars, je partirai demain... donne-moi ta main, ta petite main sur mes lèvres...

Mélisande
Je ne te donne pas ma main si tu pars...

Pelléas
Donne, donne...

Mélisande
Tu ne partiras pas ?... Je vois une rose dans les ténèbres...

Pelléas
Où donc ?... Je ne vois que les branches du saule qui dépassent le mur...

Mélisande
Plus bas, plus bas, dans le jardin ; là-bas, dans le vert sombre.

Pelléas
Ce n'est pas une rose... J'irai voir tout à l'heure, mais donne-moi ta main d'abord ; d'abord ta main...

Mélisande
Voilà, voilà ; ...je ne puis me pencher davantage.

Pelléas
Mes lèvres ne peuvent atteindre ta main...

Mélisande
Je ne puis pas me pencher davantage... Je suis sur le point de tomber...
- Oh ! oh ! mes cheveux descendent de la tour !...
Sa chevelure se révulse tout à coup, tandis qu'elle se penche ainsi, et inonde Pelléas.

Pelléas
Oh ! oh ! qu'est-ce que c'est ?... Tes cheveux, tes cheveux descendent vers moi !... Toute ta chevelure, Mélisande, toute ta chevelure est tombée de la tour !... Je la tiens dans les mains, je la touche des lèvres... Je la tiens dans les bras, je la mets autour de mon cou... Je n'ouvrirai plus les mains cette nuit...

Mélisande
Laisse-moi ! laisse-moi !... tu vas me faire tomber !...

Pelléas
Non, non, non ;... je n'ai jamais vu de cheveux comme les tiens, Mélisande !... Vois, vois ; ils viennent e si haut et m'inondent jusqu'au coeur... Ils sont tièdes et doux comme s'ils tombaient du ciel !... Je ne vois plus le ciel à travers tes cheveux et leur belle lumière me cache sa lumière !... Regarde, regarde donc, mes mains ne peuvent plus les contenir... Ils me fuient, ils me fuient jusqu'aux branches du saule... Ils s'échappent de toutes parts... Ils tressaillent, ils s'agitent, ils palpitent dans me mains comme des oiseaux d'or ; et ils m'aiment, ils m'aiment mille fois mieux que toi !...

Mélisande
Laisse-moi, laisse-moi, quelqu'un pourrait venir...

Pelléas
Non, non, non ; je ne te délivre pas cette nuit... Tu es ma prisonnière cette nuit ; toute la nuit, toute la nuit...

Mélisande
Pelléas ! Pelléas !

Pelléas
Tu ne t'en iras plus... Je t'embrasse tout entière en baisant tes cheveux, et je ne souffre plus au milieu de leurs flammes... Entends-tu mes baisers ?... Ils s'élèvent le long des mille mailles d'or... Il faut que chacune d'elles t'en apporte un millier ; et en retienne autant pour t'embrasser encore quand je n'y serai plus... Tu vois, tu vois, je puis ouvrir les mains... Tu vois, j'ai les mains libres et tu ne peux m'abandonner...

Maurice Maeterlinck, Pelléas et Mélisande, acte III scène 2

chevelure

Mardi 20 mai : projection du film en langue ancienne (Grec)

"Je tiens avant tout à dissiper les rumeurs qui couraient avant la projection d'Isocrate : la catégorie "langue ancienne" demeure d'un accès difficile et exige un spectateur averti (à ceux qui ont l'intention d'aller voir ce film, une solide culture mythologique est recommandée), prêt à se confronter quatre heures durant à un propos souvent elliptique. Il faut lire entre les lignes ; personnellement, j'aurais aimé être en mesure de revoir certains passages, car cette oeuvre est à la fois étonnament courte (surtout après les trois précédentes, de six heures chacune) et d'une grande densité."

H_l_ne_et_P_ris

Mercredi 21 mai  : projection du film étranger (Allemand)

    Avant de passer à l'interview quotidienne, nous aimerions expliquer pourquoi vous avez eu, durant tout le Festival, un compte-rendu aux couleurs si hétéroclites... A dire vrai, il ne s'agissait que de respecter les consignes du mail qui a circulé parmi les étudiants khâgneux, proposant de tous nous habiller dans les mêmes tons selon le calendrier suivant : jeudi 15, vendredi 16, lundi 19, mardi 20, mercredi 21 (motifs imprimés), jeudi 22 ! D'où le titre multicolore d'aujourd'hui, et la petite robe à fleurs, recommandée à Raphaëlle par la styliste génialissime et mondialement reconnue : Mademoiselle Pauline L.

Marches_et_petites_fleurs

     Et la Palme de la Bergère Buccolique et Germanique est attribuée à... Raphaëlle ! Il faut dire que celle-ci se devait d'assurer, cette année encore, après le souvenir impérissable qu'avait laissé la splendide robe à fleurs de l'an dernier (made by Granny & Cie, all rights reserved).

"Le film d'aujourd'hui conjuguait habilement toutes les dimensions du langage : description, discours, récit, chaque aspect vient succéder à l'autre en lui ajoutant un petit plus qui aide à la compréhension d'ensemble du message. Après les oeuvres incomparablement plus difficiles auxquelles nous avons été confrontés durant l'année, voilà qui relève l'image que l'on avait du cinéma allemand... et qui me donne très envie d'aller lire Die Büste des Kaisers ! (dont ce film est tiré)"

Jeudi 22 mai : projection du péplum ; cérémonie de clôture du Festival

"Il était extrêmement agréable de finir cette longue série de projections par celle de ce péplum, détendant sans être cependant léger puisqu'il reconstituait la situation d'Ovide en exil. Prenant pour argument la rédaction d'une lettre du poète à son épouse, le film déployait en parallèle le détail de la condition d'exilé, et les violentes réactions d'un artiste amoureux. L'ajout de cette petite pointe de culture française moderne que représente l'influence de Condillac dans l'oeuvre conduit à une réflexion plus large sur l'Histoire en général : nous voici revenus là où le Festival commença - mais en de bien meilleures dispositions d'esprit."

Il faudra en effet beaucoup de bonne humeur aux jurés pour les délibérations à venir. Bien que celles-ci aient déjà bien avancé quant à l'élection des "favoris" de cette 2ème édition, nous jugeons plus à propos de vous faire attendre (aussi bien que nous) les résultats de cette éprouvante semaine ! Mais ne vous inquiétez pas : de nombreux autres messages viendront encore vous divertir jusqu'à leur publication...

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Commentaires
M
Voilà donc pourquoi on a pu voir une flopée de T-shirts rouges (aussi un duo robe-rouge à lèvres croisé vers le lavabo des toilettes)! En revanche, les autres jours ne m'ont pas paru aussi clairs... <br /> Mention spéciale au traitement très théâtral du sujet de français. Tout compte (fait, la profondeur doit être dans les points de suspension).
B
Selon moi, la Palme revient incontestablement aux Paroles inutiles : il faut saluer les partis-pris tant thématiques que formels de cette oeuvre audacieuse, iconoclaste, inattendue, aride, exigeante et d'un abord difficile..<br /> Quant aux Tristes et au Buste de l'Empereur, oeuvres beaucoup plus académiques, il serait juste de leur décerner un petit quelque chose pour en saluer la vivifiante fraîcheur.<br /> Enfin, les trois autres oeuvres ne méritent guère qu'un oubli prompt, voire une croix noire dans les annales du festival.
F
Merci pour l'extrait de *Pelléas et Mélisance*, c'est très joli.<br /> J'espère que tout s'est bien passé pour toi, et MRUUUUUU !
M
Ainsi le Festival touche à sa fin. Les vedettes sont épuisées, et les spectateurs déjà nostalgiques de ces projections quotidiennes. C'était un bon cru.
M
Quel Festival ! Vous voilà en compétition avec l'Autre, dont notre cher Desproges disait : Cannes n'est pas seulement le paradis des pellicules. A s'y promener l'hiver, on s'aperçoit bientôt qu'elle forme, avec Nice sa voisine, l'un des plus grands mouroirs à rupins du monde.
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