Episode 1 : En attente
Entre les pauli- et les raphasultats, les deux écrevisses cherchaient naturellement à tuer le temps maudit de vacances involontaires pour l'une, et d'ennuyeuse attente pour l'autre. Feuilletant le catalogue de leurs vagues projets d'été, elles considéraient
- l'avenir immobilier qui s'était brutalement esquissé pour Pauline le jour de ses résultats, où une ancienne khâmarade, ne lui laissant pas même le temps de crustaciser outre mesure, l'appela pour lui désigner la colocation que cette dernière comptait faire avec son frère, et l'écrevisse sus-nommée, "enfin si [elle] le voulait bien".
- la colocation prochaine que Raphaëlle espérait former avec Jean-David(1), quittant ainsi le garage dès l’année prochaine, pour des horizons plus aérés.
- les nombreux dossiers administratifs qui les attendaient déjà, avec ou sans résultats - qui pour la fac, qui pour d’autres lycées (Fénelon, Louis le Grand, Henri IV ?) qui veuillent bien d’une écrevisse ayant échoué au concours (il faut ici faire l’éloge des deux administrations, universitaires et préparationnaires, qui méritent ex-aequo la Palme des Tergiversations Fortuites, plus couramment désignée par le sigle PTFort).
- la fin des cours, déjà là pour Pauline, mais laissant encore à désirer pour Raphaëlle, dont le conseil de classe n’aurait lieu que le soir du jeudi 19 juin, les cours prenant officiellement fin le lendemain, à midi.
Le dernier événement, si implicitement triste qu’il puisse être dans le cas de Pauline, méritait néanmoins d’être dignement fêté, tant il est vrai que trois ans de classe préparatoire apportent toujours quelque chose en matière d’expérience, de connaissances ou à défaut, de névroses. La sous-admissibilité de Pauline n’avait d’ailleurs pas encore été officiellement célébrée avec tous les honneurs qui lui étaient dus : il n’en fallait pas plus à Jean-David et Raphaëlle pour prendre la pénible mais nécessaire résolution de sacrifier le dernier cours de grec à un fastueux petit-déjeuner chez Ladurée, le vendredi 20 au matin.
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(1) NdlR : suite aux plaintes du dénommé JD, nous réaffirmons que celui-ci ne fait pas et n’a jamais fait partie des heureux normaliens-garagistes, n’ayant pas la compétence exigible et cependant terriblement sélective de résistance aux insectes et arachnides en tous genres.