Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
ENS garage
10 août 2008

Episode 2 : Esmeraldine, Esmeralda

    En attendant de fêter, vendredi 20 juin, le jour béni de leur libération (dépôt des dossiers de fac pour Pauline, fin des cours pour Raphaëlle), nos deux héroïnes décidèrent de profiter de la générosité francilienne qui, moyennant quinze euros, fournit aux jeunes étudiants - désoeuvrés, cela va de soi - tout un carnet de tickets cuturels donnant notamment accès aux monuments du patrimoine ; et puisqu'enfin l'occasion se présentait d'être désoeuvrées au point de faire une virée à Paris, c'est sur la cathédrale Notre-Dame que nous jetâmes notre dévolu - à l'initiative appréciée et chaleureusement accueillie d'Oihana, que nous voyions alors pour la dernière fois avant longtemps...

IMG_0401

    L'attente nous aurait semblé longue et pénible, sans l' (heureuse ?) idée d'un acteur, de hanter la rue dans laquelle s'était positionnée la file... Muni d'un masque atroce, en caoutchouc flasque et ridé, dont la couleur se situait à mi-chemin entre le vert-de-vase et le jaune-pisse-de-rat (avec toutefois des nuances), ce charmant bonhomme arpentait discrètement la rue, rattrapait un passant et lui tapotait aimablement sur l'épaule jusqu'à-ce que celui-ci, insouciant, se retourne - tout diposé, en bon parisien, à donner l'heure, le nom d'une rue ou l'adresse d'un bon restaurant - pour se retrouver nez-à-nez avec un immonde nabot haut comme une blatte, laid comme trois tiques et propre à donner le cafard.
    Tout l'intérêt de la manoeuvre reposait sur la variété des réactions de la foule - non pas celle des spectateurs, de toutes façons occupés à rire, mais celle des victimes... Car elles étaient nombreuses ! De la working-girl pressée aux colonies de vacances paniquées, du groupe de japonaises rendues soudain hystériques, au touriste qui voyait sa femme remplacée par un affreux nain lui tenant amoureusement la main, tout le monde y passait - avec quelques courtoises exceptions pour les paisibles petites vieilles ou les enfants en bas âge. Le plus drôle était sans doute la complicité spontannée des badauds, certes tenus d'assister au spectacle puisque faisant la queue pour la visite, mais qui retenaient bientôt leur souffle avec attention, souhaitant faire passer Quasimodo inaperçu jusqu'au dernier moment - comme si cela pouvait le rendre plus discret, malgré les cinquante personnes disposées en file le long du trottoir qui fixaient sans retenue son manège répété.

     Après avoir, le temps d'une attente, transformé la moquerie à l'encontre de la laideur, en rire à l'égard de celui qui en a peur, nous étions fin prêtes pour le rôle d'Esmeralda, et la montée dans ces tours, définitivement marquées par le souvenir du roman d'Hugo. Problème : trois jeunes filles et un garçon, voilà de quoi donner du fil à retordre - même à l'auteur de Cromwell, la pièce aux soixante-dix personnages... Qu'à cela ne tienne : Pauline serait Esmeraldine, Oihana Esmeraldina, et Raphaëlle (déjà qualifiée ainsi dans l'un des commentaires du blog), recevrait le titre d'Esmeralda officielle, au bras du blond et ombrageux Phoebus.

Phoebus

Avec leurs tambourines, Esmeraldine,
elles font danser leurs rats,
Esmeralda...

Esmeraldas


     Sur ces larges vues de Paris-grisaille, nous eûmes à peine le temps de tout redescendre que l'averse éclatait en plein parvis, balayant les touristes de ses humides bourrasques : nous suivîmes le mouvement, et c'est en catastrophe qu'il fallut quitter Oihana, sur un bref "Bonnes vacances !" que la pluie étouffa. Tandis qu'elle et Jean-David s'éloignaient de leur côté, Pauline et Raphaëlle enchaînaient, overbooked, sur un quatre-heures au Loir dans la théière, où elles avaient rendez-vous avec d'anciens khâmarades de Pauline...

Publicité
Publicité
Commentaires
M
Je vous remercie pour cet article riche en informations. Je dois dire que je ne regrette en rien de m'être abonné à votre weblog. bonne continuation.
?
Au doux son des claquements de pinces ponctué de tappotements frémissants de pattes enthousiastes, Esmeraldine, Esmeralda et Esmeraldina tournoyantes dans la douce lumière crépusculaire d'une foutue Notre-Dame...
F
Il paraît que je ne saurais me soustraire à mes devoirs de commentaire. Je vais donc m'y appliquer de ce pas.<br /> C'est ainsi que je salue l'apparition de l'univers hugolien dans ce blog, ça ne pourra que l'enrichir (j'imagine).<br /> J'attends d'ailleurs avec impatience l'intrusion prochaine de l'univers carrollesque, dont je suis au courant à la fois par espionnage et par observation improbable de ce qui se passait sur ce blog lorsqu'il fut récemment en phase de test. Je n'ai d'ailleurs aucun scrupule à révéler cette information, puisqu'en fin de compte elle va jouer le rôle d'une splendide accroche. Peut être.
ENS garage
  • L'ENS garage, une grande école exigeante. Seuls 6 ou 7 élèves sont admis chaque année pour suivre une formation multidisciplinaire. Découvrez le quotidien de deux jeunes filles ayant intégré en 2005 et 2006.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Publicité