Un Homme Miraculeux

Aimé Césaire est mort le 17 avril.

Voici un petit billet d'un retour sur la vie d'un grand homme qui a su manier les Armes miraculeuses des mots tant en littérature qu'en politique, soufflant un vent de Tempête sur le racisme et le colonialisme.

Né en 1913 à Basse-Pointe, il se révèle rapidement être un élève brillant. Il passe le bachot au lycée Victor Shoelcher de Fort de France et, sur les conseils de ses professeurs, part pour la métropole où il s'inscrit en hypokhâgne au lycée Lakanal Louis-le-Grand (ce n'est pas mal non plus !). C'est dans les rues de Paris qu'il découvre sa différence. Un jour, alors qu'il marche près du lycée, Aimé Césaire se voit gratifier d'un élégant "Sale nègre !", par un, pour le coup, sale individu qui passait à vélo. Mais l'étudiant a déjà la réplique vive et le goût du jeu avec les phonèmes car il s'écrie : "Le nègre t'emmerde !" On peut ajouter qu'il maîtrise la langue française bien mieux que la plupart des métropolitains ; son père avait coutume de dire joliment : "Quand Aimé parle, la grammaire sourit." C'est donc avec brio qu'il réussit le concours d'entrée à l'ENS - comme nous bientôt ! ;)- et entame une aventure littéraire et politique, qui a comme point de départ l'invention du concept de "négritude", Césaire s'employant à transformer l'insulte en quelque chose de positif. Nous vous laissons découvrir la suite à travers ce petit documentaire...

Aimé Césaire, vous portez bien votre prénom. Vous êtes un exemple pour nous, khâgneuses garagistes. Un exemple difficile à atteindre, certes : Le journal l'Etudiant noir devient le blog l'ENS garage, le concept de "négritude" laisse place à des concepts un peu moins profonds (la "rat-party", "le Poussin Moche" pour n'en citer que deux) et même si le temps nous paraît parfois long, loin des montagnes chambériennes et des quais nantais, nous en sommes toujours plus près que de la Martinique. Sans oublier que nous n'avons pas -encore- l'ENS !

Cependant votre parole, qu'André Breton trouvait "belle comme l'oxygène naissant", continue de nous parler. Le professeur de lettres de Pauline a envoyé à la classe ces quelques vers programmatiques des épreuves (et succès !) à venir, mais, qui, surtout, font croire en l'avenir :

« Et nous voici pris dans le sacré

tourbillonnant ruissellement primordial

au recommencement de tout.

La sérénité découpe l’attente en prodigieux cactus.

Tout le possible sous la main.

Rien d’exclu. »

C’est un extrait du poème « Les pur-sang », dans Les armes miraculeuses .

Comments

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R.I.P.

[Ventre du chat]

Merci, chère Voisine, pour ce joli message de fin de vie/journée... Je propose de rendre dignement honneur à Aimé Césaire par un goûter-lecture agrémenté de "tourment d'amour", babas au rhum et autres "têtes de nègre" !